Workshop « Voix de femmes d’Asie(s) »

5 et 6 novembre 2021

La Voix des Femmes en Asie : Programme détaillé

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La voix des femmes en Asie[s]/Women’s Voices in Asia[s]

Résolument interdisciplinaire, notre workshop a pour objectif de construire un réseau de recherche national et international sur le thème suivant : “La voix des femmes en Asie(s)”. En réunissant des jeunes chercheur·ses et des chercheur·ses confirmé·e·s dans divers domaines et rattaché·e·s à différentes institutions, au cours de ces journées, nous chercherons à souligner l’hétérogénéité de la catégorie « femmes asiatiques » et la pluralité des féminismes en Asie.

En tant qu’expression d’un sujet, la voix et ses différentes manifestations ouvrent de nombreux débats sur l’identité et ses rapports au monde. Historiquement, les activistes, écrivaines, artistes et universitaires d’Asie furent – et sont encore – doublement en marge des discours dominant euro-centriques et patriarcaux. En ce sens, elles sont les « subalternes » décrites par Gayatri Chakravorty Spivak, qui a proposé une lecture de l’histoire des femmes – de leur oppression et de leurs mouvements de libération – à contrecourant des discours impérialistes construits et véhiculés par les sociétés dominantes « occidentales».

Les axes thématiques proposés par ce premier workshop sont :

1. Les minorités multiples

L’art et la littérature des autochtones est un refuge identitaire pour ces ethno-cultures, un conservatoire sauvegardant la mémoire de peuples ayant subi des tentatives répétées d’ethnocides par des colonisations impérialistes. Mais quel est le coût psychologique d’un tel traitement discriminatoire et le sentiment d’exclusion qui en découle ? Ces tentatives des sociétés dominantes de réduire les femmes autochtones au silence ont-elles eu raison des circuits de transmission ancestraux, ou la résilience des auteures et artistes leur a-t-elle permis de suivre la voie tracée par leurs mères et grand-mères ? En outre, de quelles façons transmettent-elles leurs savoirs et leurs histoires (de vie) aux nouvelles générations d’autochtones, ainsi qu’aux membres de la société dominante au sein d’œuvres militantes ? Dans ces présentations autour des « minorités multiples », nous tenterons de comprendre comment les artistes et auteures autochtones font entendre leur voix en tant que femmes autochtones qui subissent une double discrimination au sein de la société dominante – parce qu’elles sont des femmes et parce qu’elles sont autochtones.

2. La voix des femmes dans les sociétés patriarcales

En tant qu’expression et que manifestation d’un sujet, la voix permet la jonction entre le « je » et les autres. En ce sens, la voix comporte des dimensions à la fois intime et politique. Ce deuxième axe aborde les thèmes de la « cité » et ses différents aspects – à savoir le rapport à l’autorité, au pouvoir politique et religieux, mais également aux processus de création. Comment les préjugés sur « les femmes » et sur « les femmes asiatiques » impactent-ils l’expérience créatrice et auto- déterminante des femmes ? Comment la parole se libère-t-elle et prend-elle corps dans leurs combats ?

3. Briser le mythe de « la femme » et de la « féminité » dites « asiatiques »

Cet axe thématique vise à déconstruire les mythes et stéréotypes de la « femme » et de la « féminité », lorsque ceux-ci sont considérés en conjonction avec la catégorie de l’« asiatique ». Il s’agit à la fois de réfléchir sur l’expérience d’être née « femme » ou déterminée socialement en tant que telle en Asie(s), et d’apporter des points de vue alternatifs sur le sujet. Que se passe-t-il lorsqu’une femme refuse de s’identifier à l’idéal féminin – de la fille, de l’épouse ou de la mère – imposé par la tradition et la société dans laquelle elle se trouve ?

4. Les mouvements féministes en Asie

Il n’existe pas un féminisme, mais des féminismes. Que ce soit en Asie ou en Occident, pendant que certains profitent de l’émergence du féminisme d’Etat, d’autres – plus isolées et marginales – se mobilisent contre la dépossession et l’injustice, en utilisant leur vulnérabilité en tant que force solidaire, condition de la résistance et de l’action politique. La boîte noire d’Ito Shiori (2019), qui retrace l’histoire de cette journaliste japonaise victime d’un viol, a rencontré des échos notamment en Asie. À la même période, en Chine, Zhou Xiaoxuan, stagiaire, a traduit en justice Zhu Jun, présentateur vedette, pour harcèlement sexuel. Que nous enseignent ces mobilisations sur la prise de parole des femmes victimes de violences en Asie ? Comment s’engager, lorsque l’on veut rester anonyme ? Et lorsque l’on est femme migrante asiatique, précaire et stigmatisée ?

With its resolutely interdisciplinary approach, we aim to build through this workshop a national and international research network, by bringing together young and experienced researchers from different fields and institutions, we will highlight the heterogeneity of the « Asian women” category and the plurality of feminisms in Asia.

As the expression of oneself, the voice and its different manifestations open the way to multiple discussions on identity and its relationship to the world. Historically, women activists, writers, artists, and scholars from Asia were – and still are – doubly marginalized from dominant Eurocentric and patriarchal discourses. In this sense, they are the “subalterns” described by Gayatri Chakravorty Spivak, who suggested a reading of the Women’s History – of their oppression and their liberation movements – against imperialist rhetoric built and conveyed by dominant “Western” societies.

This workshop is divided into the following panels:

1. Multiples minorities Indigenous art and literature serve as an identity refuge for these ethno-cultures, a conservatory safeguarding the memory of Peoples who suffered repeated attempts of ethnocide from imperialists colonizations. But what is the psychological toll of such a discriminatory treatment and the associated feelings of exclusion that arise therefrom? Have these attempts from dominant societies to silence Indigenous women vanquished the ancestral transmission channels, or has the resilience of female artists and writers enabled them to follow in their mothers and grandmothers’ footsteps? Furthermore, how do they pass on their knowledge and (life) stories to the next Indigenous generation as well as members of the dominant society within militant works? In these presentations structured around the theme of “multiple minorities”, we will strive to understand how Indigenous female writers and artists make their voices heard as Indigenous women who are subjected to a double discrimination from the dominant society – because they are women and because they are Indigenous.

2. Women’s voices in patriarchal societies As an expression and a manifestation of a subject, the voice bridges the gap between the “self” and others. In this sense, the voice has both an intimate and a political dimension. This panel tackles the themes of the « cité » and its different aspects – namely the relationship to authority, to political and religious powers, but also to the process of creation. How do prejudices and biases about “women”, more particularly about “Asian women”, impact their creative and self-determining experiences? How are words liberated to take shape in their struggles?

3. Breaking the myths of the so-called Asian “women” and “femininity”  This panel aims to deconstruct the myths and the stereotypes of “women” and of “femininity”, whenever these categories are set alongside with the qualificative of “Asian”. It invites us to think about the experience of being born as a “woman” or being socially determined as such in Asia(s), and to bring up alternative points of view on the topic. What happens when a woman refuses to identify with a feminine ideal – to be a daughter, a spouse, or a mother – imposed by tradition and by the society in which she lives?

4. Feminist movements in Asia(s)  There is not a feminism, but feminisms. Whether in Asia or the West, while some benefit from the emergence of state feminism, others – more isolated and marginal women – mobilise against dispossession and injustice, using their vulnerability as a force for solidarity, a condition for resistance and political action. Ito Shiori’s Black Box (2019), which tells the story of this Japanese journalist who was raped, has met with echoes in Asia in particular. During the same period, in China, Zhou Xiaoxuan, an intern, brought Zhu Jun, a star presenter, to justice for sexual harassment. What do these mobilisations teach us about women’s voices as victims of violence in Asia? How can we commit ourselves when we want to remain anonymous? And when you are an Asian migrant woman, precarious and stigmatised?