Vendredi 03/03/2023

17 février 2023 par Louise Pichard-Bertaux
Florence Lévy (IrAsia, AMU) et Julie Gary (CRCAO)

Vendredi 03/03/2023 à 14h à Aix-en-Provence
(Campus Schuman, Bât. Multimedia, salle de colloque 1)

Florence Lévy
Socio-anthropologue
ATER Chine contemporaine
Université d’Aix Marseille
Chercheuse associée a l’IrAsia

Trouver sa place entre la France et la Chine.
Les positionnements ordinaires de migrants et migrantes chinois

Le suivi pendant plusieurs années de migrants et migrantes de Chine rencontrés à Paris a fait ressortir leur ‘double présence’ : ils assumaient des rôles et des statuts de manière simultanée en France et en Chine. Or les positions occupées dans ces deux espaces ne coïncident souvent pas. Ils peuvent estimer être au bas des hiérarchies sociales dans l’un et dans des positions beaucoup plus élevées dans l’autre. De plus, ils ne cessent de comparer leurs vies et leurs statuts de manière hiérarchique dans ces deux espaces. Ce souci constant de tenir leur rang et surtout de ne pas perdre ‘la face’ les amènent à de coûteux sacrifices. Cette présentation explorera la complexité des statuts sociaux et des identités d’hommes et de femmes chinois au cours des migrations transnationales

Julie Gary
Historienne de la Chine ancienne
Chercheuse associée au Centre de recherche sur les civilisations de l’Asie orientale

Éthique, esthétique et diététique :
Vertus et usages de la musique en Chine ancienne et médiévale

Depuis la plus haute antiquité, la musique occupe une place centrale dans la vie rituelle et politique, mais aussi dans l’éducation morale et spirituelle des Chinois. Les confucéens lui attribuent un rôle essentiel dans le perfectionnement de soi et la civilisation des hommes : capable de transformer les cœurs et de réformer les mœurs, c’est la force douce et discrète de la concorde sociale, l’instrument idéal du bon gouvernement. Mais au IIIème siècle de notre ère — le cœur de la période dite « médiévale » —, à l’heure où s’effondrent, avec la dynastie des Han, les grandes valeurs et doctrines de l’orthodoxie confucéenne, de nouvelles pratiques et conceptions de la musique font leur apparition : moins utilitaires, davantage centrées sur la subjectivité et le loisir personnel, elles marquent une rupture avec l’idéologie traditionnelle et un tournant décisif dans l’histoire de la pensée musicale, que l’on peut considérer comme un moment germinal de l’esthétique. Ce sont ces conceptions que nous nous proposons d’exposer, en nous intéressant en particulier aux écrits de deux lettrés de l’époque : Ruan Ji 阮籍 (210-263) et Ji Kang 嵇康 (223-262), qui réfléchissent aux usages non plus seulement éthiques et politiques, mais aussi esthétiques et, plus étonnamment, diététiques de la musique. Nous pourrons ainsi prendre la mesure des enjeux idéologiques insoupçonnés, et pourtant considérables, engagés dans ces débats.

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